Il est mieux de bien planifier nos expérimentations et d’acheter une assez grande quantité de la substance, et cela afin de pouvoir faire plusieurs expériences avec la même série pour pragmatiquement faire des comparaisons entre nos diverses expériences ou encore augmenter la dose peu à peu pour trouver notre limite. J’ai toujours investi d’intelligence mes expérimentations pour ne pas me blesser. Car un poison pris en petites quantités peut être un élixir de vie. Il est bon en ce sens de demeurer pragmatique, de s’inspirer des enseignements des chamans, de bien comprendre comment ils vivent et d’apprendre à se servir de ces plantes médicinales avec justesse.
Inspiré par Carlos Castaneda, j’étudiai la datura il y a quelques années. Je fis pousser la plante à partir de graines trouvées en ville. Une expérience à haute dose de datura nécessite en fait entre 200 à 300 graines. Alors je commençai par manger 10 graines, sans presque aucun effet; puis j’essayai 20, pareillement; rendu à 30 je commençai à avoir mal à la gorge et je me sentis en état d’ébriété. Je suis allé me coucher, mais ce n’est que le lendemain matin que j’eus quelques visions, sauf qu’un sentiment négatif m’étreignait. Je décidai alors de conclure mes expériences car je ne sentis pas la plante favorable envers moi à ce moment.
Plusieurs seront étonnés que je mentionne le tabac dans ce chapitre. Le tabac est une plante sacrée dans plusieurs cultures indigènes et autochtones. Le tabac sauvage est assez fort pour être utilisé comme un psychédélique, et certains chamans en fument une grande quantité et entrent en transe. Cette plante est même fumée pour débuter et clore les cérémonies psychédéliques en Amérique latine où la fumée sert de lien symbolique entre notre monde et celui des esprits.
J’ai pris un vif plaisir à étudier le tabac qui pousse comme une mauvaise herbe et donne des fleurs magnifiques en forme de clochettes. Je me suis procuré des graines et j’ai cultivé deux sortes de tabac, le blond (Nicotiana tobacum) et le sauvage (Nicotiana rustica). J’ai ainsi pu goûter à du vrai tabac. En travaillant ainsi avec patience, je fumai mon propre tabac en savourant chaque bouffée. Le goût et l’effet en sont très différents de celui des cigarettes commerciales. Si peu de gens ont goûté à du tabac sans additifs, ceci reflète bien la manière dont les gens goûtent les aliments aujourd’hui. Il faudrait réapprendre à savourer l’instant présent. Fumer du tabac n’est pas dangereux si on investit cet acte de conscience, car lorsque l’expérience nous procure du bien-être, l’effet négatif de la combustion est compensé par les aspects bénéfiques comme l’élévation vers les niveaux psychiques, l’activation de la psyché, la satisfaction.
Le tabac est psychoactif comme la marijuana, mais trop peu de gens le savent. Plusieurs fumeurs devraient réfléchir un peu avant de porter un jugement à propos des fumeurs de marijuana parce qu’eux aussi altèrent leur conscience. Le terme psychoactif indique que cette substance active la psyché. Cet état est semblable à l’état hypnagogique, c’est-à-dire un état de conscience particulier intermédiaire entre celui de veille et du sommeil et qui a lieu durant la première phase d’assoupissement. On commence à voir des scènes et des êtres apparaître en transparence. Les visions n’y sont pas encore assez vives pour prendre toute la place et nous ne sommes pas encore assez endormis pour que le mental de veille soit éteint. On peut noter un phénomène similaire lorsqu’on fume de la marijuana. Il suffit de fermer les yeux, d’être attentif aux sensations psychiques, pour sentir une activité dynamique bourdonner à nos oreilles. Il y a toujours autant d’action à ce niveau, mais peu d’entre nous y portons attention. À ce niveau psychique, en étant attentif on sent quand des gens pensent à nous ; on devine intuitivement quel est leur état d’être ou ce qu’ils veulent nous communiquer. Il est alors possible de discuter télépathiquement avec eux. Mais notre société matérialiste porte trop attention aux stimuli extérieurs en oblitérant l’univers à l’intérieur de nous auquel nous devrions porter aussi attention. Redonnons donc leurs lettres de noblesse au tabac et à la marijuana, ils possèdent tous deux de grandes propriétés médicinales.
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