Extrait de Le Bonheur Absolu

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Il m’arrive d’être terrassé par le Bonheur Absolu, de sombrer dans une stupeur béate. Je me demande souvent si c’est ça la folie. Je l’espère. Je crois plutôt que le génie est si près de la folie que pour l’oeil d’un néophyte il n’y a pas de différence. Tout se joue à l’intérieur, au contraire d’un fou j’ai toujours la présence d’esprit pour comprendre ce qui m’arrive et je suis maître de moi-même. Au lieu de subir ma folie, je la provoque sans ménagement car c’est dans ces états schizophréniques que j’ai mes éclairs de génie. Le génie est non-linéaire, alogique. Je perds pied parfois et c’est en ces moments de vulnérabilité que je me sens le plus vivant, le plus vrai. Je plonge dans la folie avec la certitude d’en ressortir plus fort, plus intelligent. 

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Notre communauté doit apprendre à reconnaître les états transpersonnels de conscience. Pour quelqu’un de rationnel, il n’y pas de différence entre un fou et un saint, c’est l’erreur pré/trans: l’état prépersonnel et transpersonnel se ressemblent beaucoup, certains les confondent. Il y aura moins de gens dans les hôpitaux psychiatriques quand on comprendra que plusieurs d’entre nous sommes en fait dans l’état d’éveil et que les perceptions paranormales sont tout à fait saines chez quelqu’un d’heureux. Il m’a fallu étudier sans relâche pour me comprendre, surtout après avoir vécu plusieurs expériences mystiques à partir de l’âge de 28 ans. Si je n’arrive pas toujours à l’expliquer à mes contemporains je peux au moins me l’expliquer à moi-même à présent. Je comprends mieux ma place dans la communauté et cela me procure une grande paix intérieure.

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La solitude m’est bénéfique. Je suis seul face à mon Être, autant en tirer partie. Partout où mon regard se pose c’est moi que je vois, tous ceux à qui je parle me renvoient mon image. Immanent, je sais qu’à ma mort c’est en moi que j’entrerai. Je fais le choix d’être bon et gentil envers tous, de les traiter comme je veux être traité puisque de toute façon tout est moi.

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Savoir qu’il me reste 72 ans à vivre me procure une grande joie. J’ai 33 ans et j’ai décidé de vivre jusqu’à 105 ans. Je choisis où, quand et comment je vais mourir, c’est la moindre des choses. La mort est encore le plus grand tabou, alors je ne compte que sur moi. Ayant déjà compris la mort, il me reste assez de temps pour me préparer au processus de l’ascension, de l’échappée à la verticale. Je sais que le monde des rêves, le niveau subtil, est le lieu de transition pour la majorité d’entre nous. Je travaille sans cesse sur les liens invisibles qui m’unissent à mes proches, c’est grâce à cette connexion que je pourrai recevoir des indications si je suis confus au moment de ma mort, c’est ainsi que je pourrai moi-même guider un de mes proches dans la situation inverse. Plus je serai attentif au processus d’entrée et de sortie plus je serai heureux car j’arrêterai de rejouer sans cesse le même film.

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La visite télépathique d’une de mes aimées me propulse dans un état d’extase sublime. Je la sens partout en moi, comme une caresse. J’arrive à la voir, à lui parler, à sentir la réalité à travers elle. C’est si beau d’avoir ainsi accès à celles que j’aime, leurs formes angéliques qui passent en moi, si pures, cette soyeuse présence et ces grands yeux invisibles.

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Je me perds dans l’amour, mais je reviens toujours vers le Bonheur Absolu. Il m’est préférable de rester centré sur cet état d’être si je ne veux pas avoir de mauvaises surprises. Je sais m’éloigner de ce que j’aime si l’objet de mon amour ne favorise plus mon bonheur, je ne coupe pas nécessairement les liens mais je prends une distance saine pour mieux revenir lorsqu’il en est temps. Je suis heureux par moi-même. Même si parfois il me semble être heureux pour une raison ou une autre, c’est toujours un jeu de ma personne pour me ramener vers cet état non-duel qu’est le Bonheur Absolu.

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Le bonheur est la matrice qui permet tout, même le malheur. Sans le bonheur fondamental de l’Être le malheur serait absurde. Les endormis s’autorisent à être malheureux mais leur Être n’oublie jamais cet état toujours présent. Même si parfois les nuages cachent le soleil, ce dernier est toujours présent derrière. Le bonheur est ainsi inévitable, certains entêtés devront attendre le moment de la mort pour le réaliser. Je vois déjà la réalité se dématérialiser autour de moi pour laisser place à la claire lumière de la félicité. Heureusement, je suis assez intuitif pour savoir qu’il n’est pas nécessaire d’attendre le moment de la mort pour être heureux.

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Je me vois tel que je suis, parfait et transparent. Je peux donc faire remarquer aux autres qu’ils projettent lorsqu’ils se servent de moi comme d’un miroir pour se voir eux-mêmes. Dès qu’ils comprennent ce que cela implique, ils hésitent avant de me jeter à la figure n’importe quelles accusations. Cette étape est hilarante car je peux sentir qu’ils oscillent sur un paradoxe. Il suffit de répéter le processus aussi souvent que nécessaire pour leur permettre de me voir tel que je suis et ultimement d’atteindre l’éveil.

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Je suis différent de la majorité mais ce n’est pas une raison pour que je la laisse se servir de moi comme d’un bouc émissaire. Les ignorants qui tentent leur chance avec moi sont toujours surpris de sentir l’entièreté de la réalité réagir vigoureusement contre eux. J’ai des alliés partout car je suis partout. Je n’ai pas à dépenser d’énergie, je me contente de me servir de la leur puis de la rediriger contre eux. Voilà qui est parfaitement éthique. On ne peut rien contre un être éveillé car il est libre et harmonieux. Son rire tonitruant est une arme invincible.

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Le Bonheur Absolu m’inspire à vivre sur le fil du rasoir, à prendre des risques. Est-ce de l’insouciance ou de la sagesse? Je ne sais trop. Quel paradoxe! Mon Être s’assure que tout va bien pour moi, que je ne manque de rien afin que je continue mon travail d’artiste en toute quiétude. Je n’ai pas encore compris le concept de l’argent, je ne suis pas le seul à être confondu face à un concept aussi absurde. Il me suffit de penser à Modigliani ou Salvador Dali pour me rassurer, ils avaient tous deux une relation bien singulière avec l’argent. J’ai toujours préféré ne pas y penser, ne pas inclure ce concept  dans mon processus de création. Au niveau absolu, tout m’est donné.

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