Journal 1996-2000 Nicolas Lehoux

Extrait de Journal 1996-2000, Long et méthodique dérèglement de mes sens

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Hier nous étions samedi. Un party a eu lieu dans notre appart. Un party bien réussi, tant qu’à moi. Beaucoup de monde. Ce qui a rendu les choses particulières c’est les différentes générations présentent au party. Antoine, le plus vieux, quarante ans. Il a des cheveux noirs en brosse, un visage brut, découpé. Son attitude d’ouverture d’esprit détonne sur son apparence. Ancien punk, il en garde tout de même la mentalité. Son nihilisme est l’étendard de sa vie, flottant de manière nonchalante sur l’humanité déjà condamnée.

Il y avait aussi Josselin, prototype de la star de rock. Hyperactif il ne cesse de bouger, d’être en mouvement. Son esprit débridé en constant mouvement fonctionne, disjonctant dans diverses directions. Josselin possède une personnalité forte, trop sociale selon lui. Il est beau, mâchoire carrée, mal rasé, cheveux peignés par en arrière, bouffant sur le dessus du crâne formant une bosse. Son jeune corps de dix-neuf ans est très bien proportionné. Ses bottes de cowboy lui donnent une fière allure. Propre, chemise noire recouvert du blaser en cuir noir aussi. Grand amateur de femmes et je le devine grand séducteur, son attention s’est rapidement tournée vers les revues pornographiques dont il semble un lecteur assidu, compte tenu du fait qu’il reconnaît plusieurs numéros.

Dan, à sa manière, est aussi un boute-en-train. Du haut de ses vingt-six ans, sa folie est mieux dominée, notamment par la maturité, mais demeure tout de même latente. Grand amateur de jolies femmes lui aussi, rien ne semble l’arrêter. Son visage triangulaire, mettant en évidence son nez pointu, lui donne un air d’ahuri. Son crâne garni de cheveux bouclés laisse voir un début de calvitie par deux bandes de peau remontant de ses tempes nostalgiques. L’anneau de poil lui entourant la bouche vient conclure le look en lui donnant des allures de motard périlleux. Le curieux personnage baigne dans son univers, grand amoureux de musique il ne sort pas sans son walkman. L’industrie de la musique ne semble poser aucune énigme à Dan. Éditeur et producteur d’une revue sur la musique techno et gothique il reçoit beaucoup de matériel promotionnel.

Dring, dring. Voilà la sonnette qui sonne. J’accours pour appuyer sur le bouton déclenchant le mécanisme de la porte. Bzzzz et voilà un groupe de jeunes filles qui entre gaiement, un peu mal à l’aise devant les lieux et ma personnalité forte.

Deux jeunes filles pénètrent dans ma chambre pour regarder les revues pornos, fantasme, curiosité émerveillement. Plusieurs sentiments se bousculent sur leurs jolis visages. Amélie est l’instigatrice de cette activité oculo-sexuelle. Sa silhouette filiforme ondule gracieusement sur la volute de mon couvre-lit. Tout chez elle est modeste. Son petit nez, sa bouche recourbée dans les commissures lui donne des airs de gamines. Ses cheveux mi-longs, ébouriffés légèrement, encadrent délicatement ses pommettes, lisses, faisant ressortir son regard félin. Ses petits seins acquièrent une présence ardente, tant ils semblent logiquement proportionnés par rapport à son joli petit corps fragile.

Sarah par contre est bien en chair, mais pas assez pour être disproportionnée. Lèvres charnues, chaudes et accueillantes. Son regard bovin attise ma virilité et dévoile son esprit sexuel. Ses seins attirent le regard par leurs proportions idéales. Son cul légèrement bourré gâche l’ensemble sans toutefois être déplacé. À la limite d’être attirant il me questionne et m’émoustille toute à la fois. Sa jeunesse évidente ne fait qu’attiser mon ardeur à la séduire.

Je m’approche délicatement d’elles, me mettant derrière Amélie, déjà conquise qui regarde toujours les revues aux images si évocatrices. Tout en mettant mon menton sur l’épaule gracieuse d’Amélie, je tente une approche sur la main de Sarah négligemment laissée derrière elle. Ses mains sont froides, les miennes chaudes et humides. Le contact a lieu, elle réagit discrètement en me rendant une mini caresse du bout de ses doigts féminins. Je jubile, mais n’en laisse rien paraître, sachant le risque de la jalousie mal placée d’Amélie toujours concentrée sur la revue.

Ayant terminé les magazines, Amélie se lève et d’un geste précis trouve l’exemplaire rare et inédit de L’étrange objet anal qui rend fou du célèbre Guim, bédéiste alcoolique évoluant ardemment dans la scène de BD underground de Montréal. La lecture reprend. N’éprouvant aucun intérêt pour ce genre de lecture et ayant de toute façon une autre imagerie en tête, je continue ma démarche étapiste de séduction féminine. Je tente une attaque plus audacieuse, résolu à en culbuter une au moins ce soir. Je glisse discrètement ma main dans son dos découvert entre les pantalons et le bas de son gilet. La peau est douce, souple et chaude, aucune réaction de sa part, elle joue le jeu et accepte les caresses tendrement administrées par mes doigts agiles. La lecture terminée elles cherchent tous les deux à focaliser leur attention avide sur quelque chose.

J’embrasse alors Amélie dans l’oreille tout en continuant de caresser son acolyte toujours consentante. Amélie glisse alors sa main sous mon gilet. Ses mains froides me donnent des frissons de plaisir et je tremble de joie. Pendant ce temps Sarah a commencé timidement à flatter mon gras gauche, qui se trouve encore dans son dos, occupée à y proférer des caresses sensuelles. Amélie me déséquilibre et me fait affaler sur le lit, m’embrassant servilement sans me laisser le temps d’analyser la situation. J’agrippe fermement Sarah par l’encolure de son gilet et l’amène à notre hauteur lui démontrant sans équivoque que je la désire elle aussi. Elle me caresse le ventre remontant lentement vers mon cou sur lequel elle dépose timidement un doux baiser qui me monte droit au cerveau. La présence de mon gilet semble gêner Amélie qui me l’arrache sauvagement en le déchirant avec ses dents. Un frisson de plaisir traverse ma carcasse fébrile. Et les deux en cœur de m’administrer alors un massage digne des plus grands de ce monde. Ma joie veut déborder. J’approche Sarah de mon visage masculin bien décidé à l’embrasser sans hésitation. Ses baisers sont secs, mais chauds, l’intérieur de son palais est confortable et sa grosse langue prend les choses en mains créant un mouvement énergiquement langoureux de tourniquet dans l’antre formé par nos deux bouches au comble de l’excitation morale. Pendant ce temps, Amélie a ôté ses vêtements et m’offre sa nudité obnubilante. La beauté de son corps réchauffe et illumine entièrement ma chambre, des rayons lumineux sont produits par phosphorescence et se dégagent de son corps entier, étant étrangement plus lumineux sur son sexe humide et ses seins irisés.

Adroitement sans brusquer les choses elle enlève mes pantalons avec la même technique que pour mon gilet. Je me retrouve enfin nu, mon pénis tendu à l’extrême tel un phare surveillant les allées venues sur une mer mouvementée. Empêchant les navires de briser leur coque sur les récifs de granit cachés par la noirceur de l’océan. Amélie prend mon pénis fermement dans sa paume et commence à le mordiller un peu partout. L’excitation vrille mon corps de vagues électriques. La sensation de chaleur humide que provoque le souffle d’Amélie additionnée à celle produite par Sarah font de moi un homme comblé. Je demande alors à Sarah de déshabiller, tranquillement, vraiment sexy. Elle se redresse, se cambre en arrière et enlève son gilet, me décochant un clin d’œil, puis d’une main agile détache sa brassière, laissant apparaître ses beaux seins bien ronds, fermes, obnubilants. J’ai le goût de la toucher mais elle est trop loin. Je dois me contenter de caresser les cheveux d’Amélie qui redouble d’ardeur sur mon sexe trépidant. Sarah enlève ses pantalons, ses jambes sont mi-fermes, bien rosées. Elle enlève ses petites culottes et me jette un regard gêné. Ses joues se teintent de rouge et elle s’approche de mes lèvres pour leur asséner un autre baiser mouillé que j’accepte avec domination. J’en profite alors pour toucher ses seins, si enivrants, si ronds. Amélie s’est lassée de mon organe reproducteur et remonte au niveau de Sarah. Le contact de nos trois langues en même temps est merveilleux tel un prisme aux mille facettes sous un soleil de septembre.

Je me relève, couche Sarah sur le lit et descend au niveau de son sexe humide encourageant Amélie à me suivre dans mes pérégrinations. J’écarte soigneusement les jambes de Sarah, puis ses lèvres poilues découvrant avec émerveillement une caverne béante d’une sensualité pétillante sortie d’un joyau charnel d’une grandeur dépassant mon entendement. Avec ma langue je touche son clitoris et professe un mouvement de va-et-vient rapide. Elle se raidit, sentant monter un plaisir qu’elle n’a que rarement vécu. Son odeur sucrée me rend fou, m’absorbe dans un univers charnel ; paradis des béatitudes créatrices où naviguent les marins sur un océan de gloire, leur paquebot rugissant les couleurs de l’arc en ciel.

Je laisse un peu de place à Amélie afin qu’elle professe elle aussi cette vague de plaisir à son amie qui demande à être cajolée. Je profite de la diversion pour approcher mon pénis de la bouche de Sarah qui englobe mon appareil langoureusement dans sa grande bouche pulpeuse. Nous sommes tous les trois au bord d’une transe mystique, décorporés par la vague de jouissance qui nous submerge, annulés du monde qui nous entoure tant le béton autour de nous s’est épaissi. Dans ma tête j’entends résonner la trompette de Babylone. Des chevaux pur-sang galopent fougueusement sur les épaules d’Amélie affairée à faire pénétrer sa langue au plus profond des abîmes, antre du démon guerrier de la bombe atomique.

La position qu’adopte Amélie me permet aisément de tenter une pénétration en règle de son orifice encore vide. La première pénétration a l’effet d’un choc électrique et Amélie lâche un cri de plaisir étouffé par le fruit de la passion de Sarah, toujours dégoulinant d’excitation. Je mets en marche la turbine qui provoque un mouvement de va-et-vient. Le bassin d’Amélie est juste à la bonne hauteur, celle de mes reins et la symbiose est parfaite.

Sarah s’est redressée et approche ses lèvres de celles d’Amélie qui glousse comme un rameur essoufflé par l’effort physique trop intense.

Je délaisse le vagin d’Amélie, celui de Sarah ayant attiré ma convoitise. Je la couche sur le dos et la pénètre virilement tel un lion avec sa lionne, prince de la forêt, vérité d’une animalité encore verte, teinté de vermeille doré. La sensation de pénétrer Sarah est délicieuse, encore plus que celle d’Amélie car c’est la première fois que je vais aussi loin avec cette gamine joufflue. Amélie reprend son souffle à côté de moi. Sarah et moi ne faisons maintenant plus qu’un être, bousculé par le déferlement de plaisir d’ambiance coloré de vanille et de myrrhe. Nos âmes s’unissent dans l’éternité consumant le néant qui nous attire comme de simples insectes. Nos corps gluants de sueur s’entrechoquent, s’entretuent. Je sens l’orgasme monter au plus profond des entrailles de Sarah et continue à la même cadence pour lui permettre d’atteindre le nirvana, l’apothéose phallique. Ses seins mous rebondissent à chaque choc, rencontre de mon bas ventre et de son mont de Vénus. J’ai le goût d’éjaculer mais retiens ma semence de création car Amélie ne semble pas reposée. En effet, remise de ses émotions elle s’est redressée, caressant son sexe d’une main, griffant mon dos de l’autre. Je transfère mon pénis d’un vagin à l’autre recommençant ce que j’ai déjà entrepris avec Sarah. Le temps semble figer dans l’éternité. Glace éternelle splendide. Amélie atteint l’orgasme rapidement, félin parmi les arbres. Je me retiens, déterminé à ne pas jouir de cette manière égoïste.

Je sors mon bijou de l’écrin de velours où il repose pour me coucher sur le dos. J’enjôle les deux filles à s’occuper énergiquement de mon érection de plus en plus douloureuse tant le sang injecte chaque parcelle des tissus composant mon organe. Leurs deux visages près de mon sexe me rendent encore plus excités. Amélie branle et Sarah mordille. Je sens le liquide séminal s’acheminer dans mes conduits internes et Ahhhhhh – extase mononucléaire. Je jouis, me cabrant comme un étalon fougueux, éclaboussant le joli visage de Sarah qui semble, elle aussi, sur une autre planète. Je suis bien, je baigne dans le néant pour quelques instants, éberlué que je suis par cette sensation si puissante digne des meilleures drogues inventées depuis le début de l’humanité. Mon esprit quitte ce monde pour onduler dans un univers éthérique, sa chaleur spirituelle me dissout dans une masse énergétique, parcelle de l’infini, cimetière des béatitudes des révélations mystiques.

FIN

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Extrait de Journal 1996-2000, Long et méthodique dérèglement de mes sens

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