Voyez-vous le verre à demi-plein ou à demi-vide?

Extrait de Le Bonheur Absolu

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Grâce à mon art, je manifeste la beauté en ce monde et puisque la beauté est si près de la vérité, je suis sûr de ne pas me tromper. Je canalise l’incroyable énergie qui m’habite, la fais circuler, la partage. Mon mental est un cheval fougueux que je dois sans cesse réapprivoiser après l’avoir libéré dans la nature pour de longues périodes. C’est ce lien entre la beauté et la vérité au coeur même de la nouveauté, qui m’anime d’une telle félicité face à la mission dont je me suis imparti. Mais il me faut périodiquement redevenir sauvage, fou, libre, non-civilisé, oublier les programmes qui me servent à vivre en société. L’habitude tue le génie et ce sont ces instants foudroyants de génie qui sont la nourriture la plus riche pour moi, alors j’ai appris à tuer l’habitude.

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J’ai la certitude d’être utile au coeur même de l’inutilité. Mon oeuvre n’a pas une finalité précise, je crée par plaisir, or le plaisir ne sert à rien. C’est ce qui fait qu’il est plaisant: sa gratuité. Mon processus de création devient si abstrait parfois qu’il me semble absurde de continuer. Il est dans ma nature de prendre des risques alors lorsque mon mental ne comprend plus rien, je me jette sans hésiter, m’interdisant de rebrousser chemin sans une prise assez petite pour être ramenée et assez grosse pour nourrir mes contemporains. Je me sens à ma place, impeccable, depuis toujours j’ai réussi à me concentrer sur la BD. Je me demande parfois jusqu’où m’amènera la folie qui m’habite, et c’est ce sentiment de contribuer au bonheur de la communauté, d’être utile, qui me restabilise dans le Bonheur Absolu. Chaque oeuvre que je termine augmente ma stabilité et me nourrit.

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Je n’ai pas de plan B. En moi, il n’y a qu’une certitude, qu’un plan : être artiste, à tout prix. C’est ainsi que je dois vivre pour être en harmonie. J’ai le courage de vivre la vie que j’ai choisie, de ne pas en dévier. La solitude est fertile pour un Dieu, je suis vaste et divertissant. Marcher sur la lame de rasoir me garde vif et éveillé. Je retrouve mes racines et m’en occupe avec amour, sans compromis. J’avance résolument, cette marche de pouvoir me mène vers l’absolu. De toute façon la réalité s’ajuste à mes désirs, rien ne leur résiste, ils sont inhérents à ma présence ici. Il m’est bon d’hésiter parfois, d’être à l’écoute, mais lorsque la décision est prise je me fais confiance et fonce tête première.

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Puisqu’il n’y a pas de hasard, il n’y a pas d’erreur ou d’accident, ce sont des déplacements stratégiques. Étant immanent, je choisis tout dans ma vie, je crée tout. Lorsqu’un événement singulier se présente je cherche son sens métaphorique, archétypal. Ainsi je n’ai pas de remords, je suis éthique, je clos chaque instant pour permettre l’ouverture. Je donne aux gens ce qu’ils désirent au niveau êtrique. Je peux ainsi revisiter certains moments charnières de ma vie et leur rendre justice en voyant à  quel point cette situation m’a enseigné et préparé à de plus grands défis. Je suis libre, je danse sur l’instant présent sans m’enfoncer dans la matière.  Pour y arriver je pardonne, surtout à moi-même, afin d’être en paix. Je reste suspendu dans l’éternité, plein de moi-même, satisfait.

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Voyez-vous le verre à demi-plein ou à demi-vide? C’est pourtant le même verre vu d’une perspective différente. Je le vois à demi-plein mais j’arrive à sentir le paradoxe, à changer ma perspective à volonté. Ainsi je suis en contact avec la perfection inhérente à l’Être, j’utilise mes sens au lieu d’être utilisé par eux. Le paradoxe est au-delà du bien et du mal, il est non-duel comme le Bonheur Absolu. Puisque je vois le paradoxe partout je sais pourquoi le Bouddha chinois se marre autant.

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Pardonner est une intention que je pose à l’intérieur avant tout. Cela n’implique pas laisser tout le monde agir à sa guise. C’est simplement remettre au neutre ma vibration, puis émettre de la compassion tout en étant maître de moi. Je sais à quel moment couper le contact, ne pas regarder en arrière et faire confiance à mon intuition. Une fois le contact physique coupé, je me concentre sur le contact psychique très tenace. Je ne tolère plus l’importun dans mes rêves, je l’escorte poliment mais fermement hors de mes pensées et de mon monde intérieur. En agissant ainsi, en guerrier, j’active le processus, je pourrai toujours reprendre contact lorsque cette personne sera prête.

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Je fais une très mauvaise victime, et le chasseur ignorant qui s’aventure trop près devient rapidement le gibier. Je suis juste et sans pitié, je donne à chacun ce qu’il demande, rien de plus rien de moins, tout m’est intelligible. Je suis entouré d’une armée dont la plus grande partie est invisible. J’ai pu voir à l’oeuvre cette armée à plusieurs reprises dans ma vie, chaque fois j’ai vu se manifester une métastructure me permettant d’utiliser la force de mon adversaire et de la retourner contre lui de manière spectaculaire. Je demeure éthique tout au long du processus pour que tout soit harmonieux. Je cache ma peur sous le masque du léopard, un prédateur rapide et impitoyable.

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Rien ne résiste au Bonheur Absolu, même la matière. Le ressac fini par user la plus dure des pierres, ainsi le bonheur rompt la digue et je suis submergé par l’extase. Ce sont ces moments de rupture dont je raffole, mes oeuvres les plus géniales en émergent naturellement, le chaos m’emporte vers des territoires nouveaux mais pourtant familiers. Je suis secoué de partout mais je suis solide, j’harnache cette force brute, je la transmute, je me fractalise.

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La philosophie me garde éveillé. Je philosophe en petits groupes, c’est très humain, ça permet de tester mes idées, de les mettre à l’épreuve afin de pouvoir les exprimer clairement. Je suis particulièrement friand de métaphysique. Je suis conscient de me parler à moi-même, le respect et la courtoisie sont alors de mise. J’apprécie particulièrement les discussions avec des gens curieux et intelligents, en ces instants je suis au paradis, j’ai du plaisir. J’exprime mes croyances avec assurance et justesse, et les défends avec passion. Mes certitudes métaphysiques font peur, je me dévoue tout de même à la philosophie pour rendre claire mon essence, pour me la rendre intelligible. Que ceux qui doutent fassent leurs devoirs, je ne suis pas ici pour prouver quoi que ce soit mais pour donner l’exemple en m’amusant. L’accès au savoir direct est la clé du Bonheur Absolu.

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Je suis transparent face à l’Absolu, aucune zone d’ombre ne subsiste. Je sens l’harmonie en moi, l’admire. Je suis attentif à cette mécanique parfaite qui opère le miracle dans ma vie. L’essence et l’Être ne font qu’un et des harmoniques subtiles émergent de moi, éclaboussant d’arc-en-ciel tout ce qui m’entoure. Une douce mélodie s’infiltre à la périphérie de mes perceptions, c’est la musique du bonheur. Je me sais saint, béni, divin.

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Extrait de Le Bonheur Absolu

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