Journal 1996-2000 Nicolas Lehoux

Extrait de Journal 1996-2000, Long et méthodique dérèglement de mes sens

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Mercredi 4 décembre 1996

Cette lettre s’adresse encore à toi société merdique,

J’essaie de trouver du positif. De tout mon cœur je veux vivre, outrepasser ce désir de vengeance, cette noirceur de l’esprit. La vie peut être belle si elle est filtrée et sachez que mon filtreur est puissant. Les artistes possèdent des ultra-filtreurs, cela nous permet de continuer à rêver car c’est le rêve qui nous émerveille. Un coucher de soleil en campagne.

Je n’ai point encore connu l’amour, cette chose fragile, plus dure à avoir que l’argent. L’amour pour moi est un concept assez compliqué. Moi qui n’ai aucun problème avec la conceptualisation ai effectivement un problème avec la conceptualisation. L’amour, c’est une relation réciproque. Suis-je capable de penser à quelqu’un d’autre que moi-même? Voilà ma question piège, le trou caché par la neige fraiche. Un voilier sans voile peut-il se rendre à destination? J’ai partagé ma vie avec de merveilleuses filles. Dieu m’en pardonne, j’ai péché par envie. Mais j’ai compris, je crois.

La confiance est aussi un concept bien particulier. Comme si les règles ne servaient qu’à mesurer ! Avec ma règle moi je peux faire une pente de campagne bordée de sapins en fleur. Avec ma règle je fais aussi mes cases de BD. Je sais, je suis idéaliste, peut-être le pire. On ne se refait pas.

Jolie pétale rose. Fleur de vie, conception prénatale. Joie d’être vivant. Espoir d’une civilisation poétique. Extase d’un moment passé en ta présence. Je sens la sève de vie monter dans me reins, ce délicieux breuvage aromatique, cette liqueur céleste au goût d’amande.

Je cherche le chemin du bonheur. Serait-ce une femme qui en a la clé? Le bonheur existe-t-il ? Positif comme demain matin. Dès lors je suis persuadé que le bonheur existe. Mais comment le trouver? Quelle montagne soulever? Quel chemin fouler de mes sandales usées? Quelle sera la charmante au charme charmant?

Princesse charmante au cœur d’enfant. Je te cherche partout mais où es-tu? Ma quête d’amour portera-t-elle fruit? Confiance. Voilà le mot qui a traversé des siècles et des siècles. Et pour des siècles et des siècles il restera. Page 362 de mon dictionnaire, j’ai trouvé le mot coincé entre «confetti» et «confiant». Espérance ferme. Assurance de celui qui se fie à quelqu’un ou quelque chose. Sentiment qui fait qu’on se fie à soi-même. Sentiment de sécurité dans le public. N’est-ce pas merveilleux?

Lorsque la confiance règne, Dieu est content et la vie est belle. Voilà peut-être la clé? Confiance. Confiance. Ce n’est pas tout, on doit aussi aimer. Aimer les autres et soi-même. Un amour sans barrière, sans conditions, sans prérequis. Page 61, voilà qu’il m’attend.

Quel joli euphémisme, une expression atténuée d’une pause dont l’expression directe aurait quelque chose de déplaisant. «L’amour», n’est-ce pas un mot atténué? L’amour dévaste et arrache tout. Il fait rire et pleurer, vivre et mourir. J’ai hâte de le connaître. J’ai une grande promptitude à l’éprouver, à l’expérimenter, dans mes veines, à le sentir, à admettre mon incapacité à le contrôler. On maîtrise mal notre sentimentalisation morale.

Un chien, un chat, une souris, un atome et l’amour. Tous les cinq dans l’arbre de la vie. Avec le soleil pour me réchauffer, rien ne peut plus m’arrêter. Aucun stop, aucun arrêt possible. Droit au but sans flafla. Je suis là pour rester. À moi l’amour désinvolte. À moi le paradis perdu sous une table de chrome. Je lui donnerai la rose chromatique pour qu’il sache mes couleurs. Qu’enfin le sang me monte au visage et qu’à jamais la vie soit rose.

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