Les meilleurs gourous indiens sont d’intelligents truqueurs qui ont maîtrisé la simple règle de l’entropie : tout s’en va en enfer, alors trouvez-vous un coin confortable ici et maintenant, et laissez les fous qui cherchent encore venir et projeter leurs illusions (et leur argent) sur votre façade calme, détendue et vide.
– Timothy Leary

Nous savons combien l’idée de folie, et spécialement la folie de Dieu, peut être péjorative. Elle fait peur, intrigue et déroute tout à la fois nos contemporains. Le fou dérange et bien souvent remet en question la précarité de la normalité sociale. Dans l’Antiquité, déjà, la folie se trouvait insérée au cœur des mythes fondateurs de l’hellénisme. Platon, dans son fameux dialogue du Phèdre, distingue deux espèces de folies (mania) : celle qui vient des hommes — la folie du vulgaire — et celle qui vient des dieux — la folie de Dieu. Saint Paul attribue à Dieu lui-même un grain de folie, « La folie de Dieu, dit-il, est plus sage que la sagesse des hommes. »

Un individu considéré ici, en Amérique, comme un schizophrène est promu au rang de chaman ou de divinité dans plusieurs cultures traditionnelles et indigènes. On vient écouter ses conseils et apprendre de lui, car il possède un accès privilégié à la réalité non-ordinaire. Plusieurs maîtres réalisés se contentent de méditer sans mot dire, immobiles la majorité du temps, lovés dans leur extase. Mais pour un occidental matérialiste, qui considère la productivité, le faire et l’avoir ainsi que la participation active à la société comme la forme ultime de l’évolution humaine, ces maîtres ne présentent que des symptômes de la maladie mentale (catatonie, hallucinations, etc.).

La folie est donc un thème courant dans le domaine des enthéogènes. La sentir s’installer en nous est normal lors d’une expérience psychédélique. Par moments il n’y a plus rien à comprendre et on a l’impression de devenir fou ; on perd le contrôle (ce qui est sain), la notion d’espace-temps change, celle de réalité consensuelle s’effondre. On s’éveille à la non-linéarité, à l’alogisme, et, pendant que le mental, encore actif, tente de rendre linéaire ce qui est fondamentalement non-linéaire, notre conscience fonce à toute allure dans le chaos incompréhensible du réel. Il arrive un point, terrifiant pour certains, où l’ego se désactive, où la personnalité se sublime. Une impression schizophrénique apparaît, parce que ce que l’on croyait solide se dématérialise.

Albert Hofmann eut l’intuition d’envoyer son LSD-25 à des psychiatres, des psychologues et des thérapeutes tout de suite après l’avoir synthétisé. Il sentit que, grâce au LSD, les professionnels de la santé mentale pourraient enfin avoir un accès personnel à l’expérience de la folie que subissent leurs patients. Dans un contexte thérapeutique, les psychédéliques sont d’une grande efficacité pour résoudre et rendre manifeste des complexes subconscients et supraconscients. Pour un être sain et équilibré il y a peu de danger, mais pour ceux qui ont des maladies mentales et des désordres psychiques (diagnostiqués ou latents) les conséquences peuvent être dévastatrices. Sans le support d’un professionnel, qui aidera à l’intégration de l’expérience dans la vie de tous les jours, des troubles émotionnels et moteurs peuvent mener la personne à croire (ou à constater) qu’elle est folle.

Pour ceux qui ont une prédisposition à la maladie mentale, tous les symptômes sont déjà présents depuis l’enfance. L’expérience psychédélique (comme toute forme de choc extrême) peut enclencher une psychose latente si l’individu n’est pas accompagné d’un professionnel de la psyché pour l’aider à l’interpréter. S’il n’avait rien consommé, sa folie aurait été reçue avec plus de patience et d’indulgence, mais le fait qu’il ait consommé une drogue peut rendre son entourage hystérique. Il est alors facile pour ses proches de rejeter la faute sur la drogue ou la mauvaise influence de ses amis au lieu d’admettre que tout était déjà là en puissance. Car en crise, pris de court, incapable d’expliquer ce qui se passe vraiment en lui, l’individu est confronté à des psychiatres matérialistes et à sa famille hystérique. La possibilité d’aggraver la situation est plutôt grande. Les psychédéliques ne créent cependant pas la folie, ils peuvent toutefois stimuler le déclenchement prématuré d’une psychose ou bien d’une émergence spirituelle : en cherchant à se comprendre, l’individu peut devancer le moment inévitable de la crise.

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