Plusieurs jugent sévèrement les junkies aux prises avec un problème de dépendance sans même remarquer que les drogues qu’eux-mêmes utilisent sont de la même famille et qu’ils en sont dépendants eux aussi. Car les drogues dures sont partout… encore faut-il savoir les reconnaître.

Il ne faut tout de même pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Ne mettons donc pas à la poubelle les drogues dures sous prétexte qu’elles sont destructrices pour la majorité. Le mot de Nietzsche s’applique ici avec justesse : Le poison qui tue le plus faible, renforcera le plus fort. Rappelons-nous que plusieurs des meilleurs musiciens de jazz du vingtième siècle – Miles Davis, Charlie Parker, John Coltrane, Dizzy Gillespie – furent des héroïnomanes notoires. Certains d’entre eux y ont laissé leur vie mais ils ont créé des oeuvres d’un génie foudroyant. Alister Crowley, mystique et écrivain occulte, est lui aussi descendu dans les bas-fonds de l’héroïne, mais il a réussi à rester maître de lui-même. Son livre Diary of a Drug Fiend publié en 1922 raconte une histoire basée sur ses propres expériences avec les drogues. Des génies comme Baudelaire et Cocteau ont également fumé de l’opium dont les vapeurs ont inspiré des vers délicieux et des réflexions profondes.

Je préfère au constance, à l’opium, au nuits,
L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane;
Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.
– Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

L’opium dégage l’esprit. Jamais il ne rend spirituel. Il éploie l’esprit. Il ne le met pas en pointe.
– Jean Cocteau

William Burroughs, écrivain et junkie célèbre doté d’une intelligence encyclopédique, écrivit, entre 1954 et 1957, Le Festin nu alors qu’il résidait à Tanger au Maroc. Composé largement sous l’influence de drogues hallucinogènes, d’héroïne et de cocaïne, la première mouture du Festin nu se présente sous la forme de notes éparses informes et obscènes, réarrangées parfois par la technique du cut-up. Cett œuvre se veut en effet une descente cauchemardesque dans l’esprit d’un junkie en transcendant la forme classique du roman, en le déstructurant, en en maltraitant la forme et le fond, ce par quoi l’auteur donne chair à ses divagations morphinisées dans des allégories oscillant de la science-fiction à la tragédie, parlant de modifications corporelles, d’orgies homosexuelles, de complots et de créatures angoissantes, le tout dans un pays étrange, lieu de toutes les folies, nommé Interzone.

Plusieurs grands génies ont utilisé les drogues dures pour alimenter leur créativité. Ce sont des intelligences supérieures, mais suivre le même chemin qu’eux comporte un danger permanent, une proximité avec la mort que peu savent supporter. C’est d’ailleurs ce qui les inspire, les force violemment à repousser leurs limites et ce qui parfois les perd… mais un artiste est immortel lorsqu’il laisse une oeuvre qui porte témoignage de ses exploits, de ses contorsions et de ses cascades téméraires qui le placent à l’avant-garde et ébranlent la loi générale. Si les drogues dures ne pardonnent pas, un faux pas et c’est l’enfer qui s’installe. Il faut donc être un guerrier redoutable pour jouer ainsi avec le feu. William Burroughs le disait : « Je vais si loin qu’un jour je ne reviendrai pas ». Mais, quoique il ne soit pas nécessaire de se sacrifier pour créer une oeuvre de génie, leur sacrifice n’est donc jamais vain car il sert d’inspiration au reste de l’humanité.

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