Montréal Campus, 12mars 2002

Marie-Hélène Verville

Pour stimuler la créativité, renouveler la pensée et brasser la société, le chanteur ‘Kola propose aux chansonniers d’unir leur voix. Deux fois par semaine, quelques compositeurs émergents se donnent rendez-vous dans des cafés underground de Montréal.

Rien de plus apaisant que l’atmosphère suave du Café Sarajevo en ce mardi de février. Dehors, le vent souffle en rafales, et les clients entrent en grelottant. Il n’y en a pas beaucoup, c’est vrai, mais la soirée est encore jeune. Dans un coin, s’entasse un vieux piano, un tam-tam et un micro. Ce soir, la scène appartient à tout le monde: chansonniers et poètes sont invités à tester leurs créations devant le public.

Le spectacle commence. Visiblement, Starwoman et ‘Kola s’amusent. L’audience est chaleureuse. Les gens au bar encouragent bruyamment les musiciens. «Ah! Que c’est beau de voir des jeunes se décarcasser pour faire de la belle musique!» Un homme s’empare du tam-tam en criant ses éloges:«En tout cas, vous me faites tripper!»

Voilà un an que ‘Kola organise dans quelques boîtes des jams de chansonniers sur base régulière. «J’ai créé cet événement par désespoir, raconte-il. Quand tu commences, c’est dur de trouver de l’argent, des endroits où te produire.» Mais ces soirées sont plus qu’une expérience couchée sur un cv. C’est un espace où les nouveaux créateurs peuvent se rencontrer, échanger, s’entraider.

Trois principes aiguillent chaque «micro-ouvert»; la gratuité de l’événement, le respect mutuel et la liberté d’expression. Contrant l’individualisme ambiant, le concept se situe à des années-lumière d’une certaine émission «musico-réaliste» basée sur la compétition malsaine. Selon ‘Kola, les open mics sont plus fréquents du côté anglophone et la formule est peu exploités du côté francophone.

Le chanteur s’assoit et sirote sa bière, en gardant un oeil sur la scène. Il apprécie la coopération musicale et relate ses rencontres avec beaucoup de plaisir. Pendant ce temps, l’homme au micro enchaîne ballade sur ballade: les notes s’envolent, envoûtantes, et créent une ambiance languissante autour des spectateurs. ‘Kola le regarde; «Tu vois le gars qui joue présentement? Ça fait vingt ans qu’il n’a pas chanté.»

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